par Serge Braudo
Conseiller honoraire à la Cour d'appel de Versailles



DESISTEMENT DEFINITION
Dictionnaire juridique

Définition de Désistement

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Le désistement est le nom donné à la renonciation de la poursuite d'une instance engagée comme l'abandon du droit d'agir en justice. Lorsque la procédure est orale, cette renonciation résulte, d'une déclaration faite à l'audience, et dans la procédure écrite, elle résulte d'une correspondance envoyée par la partie demanderesse au Tribunal ou de conclusions déposées au greffe par l'avocat de la personne qui a pris l'initiative d'introduire le procès et par lesquelles elle renonce à la demande qu'elle a engagée. L'instance étant liée, l'efficacité du désistement reste subordonnée à l'accord du défendeur. Cependant l'opposition au désistement ne doit pas se trouver motivé par une volonté de nuire. Il est donc exigé de celui qui s'oppose au désistement qu'il motive son attitude par des motifs légitimes dont le juge a le pouvoir d'apprécier la légitimité et, dans ce cas, ce pouvoir s'exerce d'une manière souveraine (2e Civ. - 3 juillet 2008, BICC n°692 du 1er décembre 2008)

Il existe deux types de désistement, le désistement d'instance et le désistement d'action. Dans le cas du désistement d'instance, le demandeur peut éventuellement réintroduire ultérieurement une autre instance. Dans le cas du désistement d'action, sa renonciation est définitive et toute nouvelle demande dirigée contre la même personne assignée en la même qualité, ayant le même objet et qui serait fondée sur les mêmes faits serait jugée irrecevable. Le désistement d'action produit en effet, les mêmes conséquences juridiques que si un jugement définitif était intervenu entre les parties. Il produit les effets attachés à l'autorité de la chose jugée. Le désistement est généralement la conséquence d'une transaction mettant fin à l'objet du litige. Dans les deux cas, le Tribunal peut rendre un jugement donnant acte du désistement, mais, lorsque la procédure est orale et sauf si les parties demandent qu'il en soit pris acte par jugement, le désistement fait l'objet d'une simple inscription sur le dossier de la procédure. La Deuxième Chambre de la Cour de cassation (Cass. 2e civ., 12 oct. 2006, n° 05-19096) a estimé, de surplus, que même si la procédure était orale, le désistement du demandeur à l'instance pouvait valablement être formulé par écrit et qu'il produisait immédiatement son effet extinctif.

Dans une procédure orale dont a été saisi un Tribunal de commerce, le désistement d'instance et d'action formulé par écrit avant l'audience, a produit immédiatement son effet extinctif ce dont il résulte que les demandes reconventionnelles présentées ultérieurement par le défendeur sont irrecevables (2e Chambre civile 11 mai 2017, pourvoi n°6-18055, BICC n°870 du 1er novembre 2017 et Legifrance).

Le désistement peut ne porter que sur certaines des prétentions dont le tribunal a été saisi, le juge doit alors statuer sur les autres demandes. La Cour de cassation a jugé (2ème CIV. - 22 mars 2006 BICC n°643 du 1er juillet 2006) qu'ayant constaté que le désistement d'instance et d'action des sociétés appelantes était expressément limité au chef du jugement relatif à la demande au fond et avait été accepté par l'intimé, la cour d'appel, qui était tenue de statuer sur la demande dont elle restait saisie, a discrétionnairement réformé le jugement du chef de la condamnation au titre de l'article 700 du Code de procédure civile.

Le désistement de l'appel emporte acquiescement au jugement. L'acte de désistement d'appel mentionnant être accompli en vue de la formation d'un nouveau recours, s'il n'emporte pas acquiescement au jugement et renonciation à l'exercice de ce recours, n'en produit pas moins immédiatement son effet extinctif de l'instance. Ayant constaté que l'appelante avait indiqué s'être désistée de son instance d'appel, c'est à bon droit que la cour d'appel a constaté l'extinction de l'instance et son dessaisissement (2e Chambre civile 21 février 2019, pourvoi n°18-13467, BICC n°905 du 1er juillet 2019 et Legifrance)

Les avocats et généralement toute personne investie d'un mandat de représentation en justice est réputée, à l'égard du juge et de la partie adverse, avoir reçu pouvoir spécial de faire ou accepter un désistement, d'acquiescer, de faire, accepter ou donner des offres, un aveu ou un consentement. Le désistement emporte pour le demandeur qui a seul qualité pour mettre fin à l'instance ou pour renoncer à ses droits et actions, l'obligation de prendre en charge les dépens qui ont été exposés depuis l'engagement de la procédure. Voir aussi : Appel plus particulièrement lorsque la procédure est orale. De son côté, le désistement du pourvoi emportant acquiescement à l'arrêt et, en conséquence, soumission aux chefs de celui-ci, l'auteur du désistement n'est pas recevable à remettre en cause un chef de dispositif concernant la partie au profit de laquelle il s'est désisté (3e chambre civile 31 mars 2010, pourvoi n°09-11969, BICC n°726 du 15 juillet 2010 et Legifrance). Le désistement d'appel n'a besoin d'être accepté que s'il contient des réserves ou si la partie à l'égard de laquelle il est fait a préalablement formé un appel incident ou une demande incidente. Jugé pareillement que le fait, par les demandeurs, de renoncer à contester les dispositions des jugements qui leur étaient défavorables, n'emporte pas renonciation aux réclamations qui n'ont pas encore été tranchées, en sorte que le juge a le pouvoir de réparer une omission de statuer. (Chambre sociale 29 mai 2013, pourvoi n°12-14052 12-14063 12-14065, BICC n°791 du 15 novembre 2013 et Legifrance).

On peut pareillement se désister d'une opposition ou d'un pourvoi.

Encore que les résultats soient identiques, il convient d'éviter d'utiliser le mot "désistement" pour exprimer qu'un héritier a "renoncé" à une succession. Relativement au vocabulaire de la procédure civile ne pas confondre désistement et radiation.

Textes

  • Code civil, article 784 (renonciation à succession).
  • Code de procédure civile, articles 384 et s., 1024 et s., 1422 et s.
  • Bibliographie

  • Boulbes (R.), Caractère et portée du désistement d'appel, JCP., 1963, I, 1765.
  • Boulbes (R.), Nouvelles réflexions sur le désistement d'appel, JCP.,1965, . I, 1957.
  • Martin de la Moutte, L'acte juridique unilatéral, thèse Toulouse, 1951.
  • Raynaud (P.), Le désistement d'instance, contribution à l'étude de la renonciation à un droit, RTC. 1942, 1.
  • Sommer (J-M) et Nicoletis (Cl.), Le contrôle des motifs de l'opposition au désistement d'instance ou d'action, Commentaire de 2e Civ. 3 juillet 2008, Dalloz, 2 octobre 2008, Chronique de la Cour de cassation, deuxième Chambre civile, p. 2379-2380. (
  • Bianchi (F.), Les conséquences de la renonciation en droit civil, en droit international, en droit fiscal, JCP. 1992, éd. N, I, 69.

  • Liste de toutes les définitions